Passer des vacances au pays demeure excessivement coûteux pour
les nationaux à cause du manque d’infrastructures, d’hygiène et des
prestations qui laissent à désirer.
Rompant avec la
tradition, Nouria Yamina Zerhouni, fraîchement désignée à la tête du
ministère du Tourisme et de l’Artisanat, s’est refusée, jeudi à
l’ouverture de la 15e édition du Salon international du tourisme et des
voyages qui se déroule actuellement au Palais des expositions des
Pins-Maritimes, de tenir la conférence de presse habituelle au Centre de
presse, confectionné spécialement pour la circonstance.
Elle
privera, ainsi, les médias de débattre de la nouvelle feuille de route
de la responsable du secteur renforcé par une ministre déléguée chargée
de l’Artisanat en la personne de Aïcha Tagabou. Nouria Yamina Zerhouni
avait, toutefois, intervenu en début de matinée en précédant
l’inauguration de l’événement à la Radio nationale, Chaîne III, résumant
les démarches à suivre pour un secteur qui ne semble toujours pas
retenir véritablement l’attention des pouvoirs publics, hormis les
discours souvent éloquents, mais sans aucune cohérence dans
l’application sur le terrain.
Mme Zerhouni, issue des collectivités
locales pour avoir occupé des postes de wali auparavant, parlera avec
beaucoup plus d’aisance sur des sujets qu’elle connaît bien, à l’image
du problème du foncier. “Le principal obstacle concerne le financement
de la viabilisation des ZET. L’État se doit de dégager des financements
et amorcer, par ailleurs, une action d’expropriation et indemniser les
propriétaires même pour des terrains agricoles, mais ceux à faible
rendement”, dira-t-elle, en résumé, reconnaissant l’insuffisance des
structures d’accueil à même d’assurer le développement au rythme
souhaité. La sécurité étant assurée, la stabilité nous la vivons, et ce
sont des conditions essentielles pour développer l’industrie
touristique.
Ressassant des chiffres longtemps évoqués par ses
prédécesseurs et qui ne semblent trouver écho dans aucune logique, la
nouvelle ministre parlera des 377 projets en cours de réalisation à même
de renforcer les capacités d’accueil de 50 000 lits pour un coût
d’investissement de l’ordre de
173 milliards de dinars et 369 autres projets qui vont être lancés pour un montant de 92 milliards de dinars.
À
préciser, cependant, qu’il existe aussi pas moins de 129 projets à
l’arrêt, 143 non lancés en attente d’un permis de construire et 76 non
lancés. Nouria Yamina Zerhouni, qui ne semble connaître du secteur que
ce qu’on a bien voulu lui dire, plaide pour la classification des hôtels
et ne souffle mot sur les difficultés vécues par les agences de voyages
et du tourisme au niveau national qui fonctionnent avec une loi
obsolète, ni sur les difficultés vécues par les agences à Tamanrasset
qui ont fait une saison blanche, selon les affirmations des
professionnels du domaine.
Le Sitev : une occasion pour vendre les destinations étrangères
Une
virée à travers les stands des exposants révèle une participation
étrangère beaucoup plus importante que celle mentionnée dans le dossier
de presse qui fait état de 5 représentations turques, 5 autres
tunisiennes, 1 représentant du Maroc, celui de l’Égypte, celui du
Portugal, de la France, des Émirats, du Pérou et de l’Indonésie. Il
n’est fait aucunement allusion à l’Autriche qui vient d’inaugurer une
ligne aérienne directe entre Vienne et Alger, ou encore la Jordanie qui
met le paquet pour promouvoir la destination auprès des Algériens, de
Chypre ou même de Malte bien en vue lors de ce salon avec diverses
produits, tels que les croisières. On note, par ailleurs, l’absence des
Grecs et l’apparition de l’énigmatique participation du Tchad.
Quoi
qu’il en soit, l’évènement placé sous le thème de “l’Algérie : un
territoire, des destinations” se retrouve, du coup, dénué de sens dans
la mesure où même les agences algériennes les plus réputées, présentes
lors de ce rendez-vous, sont là pour vendre également des destinations
étrangères. “Tourisme national, dites-vous ? Laissez-moi rire”, ricane
un professionnel des voyages rencontré sur les lieux. Et de poursuivre :
“Parlez plutôt de bricolage en espérant des jours meilleurs pour preuve
que même la notion de catégorie A et B, qui font référence au réceptif
et au tourisme émetteur, a été éliminée parce qu’elle n’avait pas lieu
d’être. Il existe 5% de réceptif et le reste relève du outgoing. Alors,
de grâce, arrêtons de se voiler la face. Passer des vacances au pays
demeure excessivement coûteux pour les nationaux dicté par le manque
d’infrastructures, d’hygiène et des prestations qui laissent à désirer.”
Le secteur du tourisme gagnerait, en effet, à amorcer un débat sérieux
sur la question et de vivre une plus grande stabilité dans l’action et
dans la gestion. C’est la seconde fois qu’un directeur de l’Office
national du tourisme (ONT), chargé de l’organisation du salon, est
relevé de ses fonctions à la veille de la tenue de ce rendez-vous.
C’est
aussi un secteur qui connaît un changement de ministre à chaque bout de
champ, sans laisser à chacun d’apposer son empreinte. L’on compte 7
ministres en l’espace de 10 ans et une maigre avancée…
-Source : Quotidien Liberté
-
15e édition du Salon International du Tourisme et des Voyages
Reviewed by Admin
on
02:01:00
Rating: