Dans un communiqué rendu public samedi, la Ligue algérienne de défense
des droits de l'homme annonce qu'elle va porter l'affaire des
conséquences des essais nucléaires français en Algérie devant la Cour
internationale de justice.
"Houari Kaddour Secrétaire National
chargé des dossiers spécialisés de la ligue Algérienne pour la Défense
des Droits de l'Homme "pense que la question aujourd’hui n’est point une
affaire d’indemnisation des victimes irradiées par les essais
nucléaires français de Reggane, mais plutôt celle de la reconnaissance
des crimes commis contre des populations innocentes et leur pays, pour
toutes les conséquences des essais nucléaires, et pour son mépris face à
toutes les maladies endurées par les Algériens, la Ligue Algérienne
pour la Défense des Droits de l'Homme décidé de porter plainte contre
l’Etat français au tribunal de La Haye", peut-on lire dans cette
déclaration comminatoire contre l'Etat français.
Le
premier essai nucléaire aérien mené par la France a eu lieu le 13
février 1960 à Reggane, au sud de Bechar. Trois autres suivront entre
1960 et 1961 sur les mêmes lieux et de 1961 à 1966 13 essais souterrains
ont été lancés à In Icker. Si pour les essais qui ont eu lieu en
Algérie, les dossiers prennent la poussière, en revanche l'Assemblée
nationale française a levé le frein à l'indemnisation des victimes des
essais nucléaires en Polynésie française. Tout a commencé en 2009 où les
victimes et leurs familles ont obtenu la promesse d'une loi à
l'initiative du ministre de la Défense. Un comité d'indemnisation des
victimes a été mis en palce. Mais la loi est si restrictive que très peu
de vétérans sont indemnisés. Le dossier a connu une notable avancée
jeudi 9 février, à l'Assemblée nationale, où les députés ont fait tomber
ces restrictions qui rendaient les indemnisations presque impossibles.
Les Algériens peuvent mourir en silence
Mais
pour ce qui est des victimes des 17 essais nucléaires qui ont eu lieu
dans le Sahara algérien, rien n'a changé. Les restrictions demeurent.
Aussi, la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme "souhaite
alerter l’opinion publique nationale et internationale afin qu’elle
prenne connaissance de l’ampleur des expériences nucléaires durant 1960
jusqu’en 1966 en Algérie et des effets néfastes qui persistent à nuire
et se transmettent de génération en génération".
La
Laddh évoque l'utilisation d'Algériens comme des "cobayes". Elle cite
le chiffre de "42000 victimes qui étaient sur place : des nomades,
prisonniers et même quelques recrues de l'armée française, et ce, afin
de mesurer la puissance de ces essais «expériences» et en étudier les
effets destructeurs".
La LADDH
rappelle "qu'il est de notre responsabilité d'exiger que toute la
lumière soit faite sur le dossier noir «des expériences nucléaires
françaises en Algérie» et de connaître la vérité. Malheureusement, nous
constatons une fois de plus un désintérêt total de la communauté
internationale pour les conséquences des essais nucléaires, notamment le
plutonium répandu dans l'atmosphère avec tous ses effets dangereux pour
les milliers d'années à venir."
Pour
la Ligue est persuadée de l'aspect "criminel de ces essais nucléaires".
Ils constituent "une violation des droits de l'homme et des exigences
de la préservation de la nature et les dangers qu'ils représentent. Ces
derniers se manifestent, jusqu'à aujourd'hui, sous forme de
malformations congénitales visibles sur 150.000 personnes touchées dans
ces zones", écrit-elle.
730 dossiers algériens de reconnaissance et d‘indemnisation des victimes des essais nucléaires français dans le Sahara
Elle
précise que l'arrêté du 22 septembre 2014 de "la loi Morin" du 5
janvier 2010 relative à la reconnaissance et à l’indemnisation des
victimes des essais nucléaires français, est "une véritable gifle à
l’Etat algérien ainsi qu’aux associations des victimes qui, depuis
maintenant 11 ans, se sont battues et se battent encore pour une loi de
réparation et de justice à l’égard des victimes militaires, civiles,
algériennes, polynésiennes et françaises".
La
Ligue souligne enfin que "730 dossiers algériens de reconnaissance et
d‘indemnisation des victimes des essais nucléaires français dans le
Sahara ont été rejetés par la commission ad hoc". Le motif invoqué par
les autorités françaises ? "Les pathologies déclarées ne rentrent pas
dans le cadre de la loi". Les Algériens ont demandé la mise en place
d'un comité mixte. Ils attendent toujours...
Essais nucléaires en Algérie : "la France sera attaquée pour crimes contre l'humanité"
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