L’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed),
que j’ai fondé en 2006, travaille, par définition, sur le temps long,
afin d’œuvrer pour construire un avenir méditerranéen souhaitable. Deux
grands prospectivistes nous ont laissé les principes de base de cette
méthode :Maurice Blondel, inspiré de Saint-Exupéry « L’avenir ne se
prévoit pas, il se prépare. » et Fernand Braudel « Si j’étais chef d’un
grand Etat, je travaillerais peu…j’’analyserais les forces à l’œuvre et
je favoriserais celles qui vont dans le bon sens ».
Pour l’Ipemed, quatre forces ou tendances lourdes sont à l’œuvre et
permettent de dire, si elles sont judicieusement exploitées, que
l’Algérie de demain sera un très grand pays.
La première tendance lourde c’estla montée en puissance de l’Afrique
qui sera le continent du XXIème siècle. Le récent forum Algérie-Afrique
des 4 et 6 décembre 2016, qui fut un succès, a montré la volonté des
autorités et des milieux patronaux algériens d’affirmer leur vocation
économique en Afrique subsaharienne.
Je pense que nous devons en finir avec ce tête à tête hégémonique entre l’Europe et la France. Nous passons depuis le début de ce siècle d’une méditerranée marginale à une méditerranée centrale pivot entre l’Europe et l’Afrique. L’Algérie, avec ses étendues sahariennes, ses richesses humaines et économiques, détient une position stratégique pour l’avenir.
La seconde tendance lourde c’est l’inévitable industrialisation du nord
de l’Afrique, du Caire à Alger jusqu’au Maroc. Alors que l’Europe se
robotise et se tertiarise, ayant du mal à enrayer son déclin industriel,
le sud est en train de se constituer en grande zone industrielle en
complément du nord. La volonté de diversification des productions et des
exportations rencontre la volonté des compactages des chaines de valeur
des grandes entreprises européennes qui, par nécessité pour réduire les
coûts de transport, pour contrôler la qualité et pour éviter les
brusques variations de taux de change, relocalisent leur activité dans
les pays émergents proches. Or, la vocation industrielle de l’Algérie
est une réalité évidente. Elle est renforcée par l’évolution du commerce
mondial : alors que les relations nord-nord vont décroitre, que les
relations nord-sud vont stagner, ce sont par contre les relations
sud-sud qui vont fortement progresser. Dès lors, l’Algérie, avec ses
richesses énergétiques et ses bonnes relations avec des pays émergents
du sud, pourrait devenir la Ruhr de la méditerranée.La troisième force à l’œuvre c’est le rôle stratégique du nord de
l’Afrique pour pénétrer le continent africain du nord vers le sud.
Jusqu’à maintenant deux pays envoyaient des signaux positifs et
attractifs. Tout d’abord, le Maroc qui se présente comme le Hub aérien
et économique de la région pour aller vers l’Afrique subsaharienne. Mais
aussi l’Egypte avec la transformation stratégique du canal de Suez
truffé de clusters et de centres d’activités, complété par la mise en
place de la plus grande zone de libre échange du monde allant
d’Alexandrie à Johannesbourg regroupant 650 billions d’habitants.
C’est alors qu’arrive l’Algérie avec son extraordinaire projet de
dorsale d’autoroute transsaharienne, qui ira d’Alger à la Lagos
(Nigéria) avec des latéralesen Tunisie, au Tchad, au Mali et au Niger.
Ce projet en construction avec un consortium chinois va assurer en
Algérie une puissance inouïe : implanter des activités en plein Sahara,
stabiliser des populations, valoriser des matières premières, en grand
nombre, relier et développer des oasis pour en faire des lieux de
modernité, et surtout, permettre le transport dans les deux sens entre
l’Europel’Algérie et l’Afrique subsaharienne. Ce projet d’autoroutes
transsibériennes est le plus grand projet d’aménagement que je
connaisse.
Enfin, la quatrième dynamique à l’œuvre, c’est la diaspora algérienne et
mondiale qui représente une force inouïe qui se remobilise pour son
pays. La diaspora fortunée et entreprenante de la SilliconValley
multiplie des offres de service comme l’Inde il y a 20 ans qui a su
utiliser sa diaspora de retour des USA ; l’Algérie peut utiliser cette
diaspora qui ne demande qu’à agir, un pied au nord, un pied en Algérie.
D’ailleurs, à titre d’exemple, les conseils régionaux d’Ile de France,
d’Occitanie et de nouvelle Aquitaine qui doivent encourager
l’industrialisation de leurs PME axent de plus en plus leur stratégie
sur le Maghreb et l’Algérie avec des PME souvent dirigées par des
bi-nationaux.
En conclusion, j’en ai l’ultime conviction : l’Algérie de demain sera un grand pays avec lequel il faudra compter. Trop de forces sont à l’œuvre et vont bousculer tous les obstacles.
En conclusion, j’en ai l’ultime conviction : l’Algérie de demain sera un grand pays avec lequel il faudra compter. Trop de forces sont à l’œuvre et vont bousculer tous les obstacles.
L’Algérie de demain...
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