S’il y a un secteur que « la crise financière » n’a pas affecté c’est bien le commerce du thé dans la capitale. Les affaires des milliers de petites boutiques de thé préparé dans la capitale marchent à merveille et sont loin de la crise financière qui a poussé de nombreux autres commerçants à baisser rideau.
Le commerce est durement affecté à Alger suite à la crise financière.
De nombreuses boutiques ont en effet fermé, au moment où d’autres
affichent une croissance régulière et un chiffre d’affaires en hausse.
C’est le cas des grandes surfaces à l’image du groupe Uno de l’homme
d’affaires Issaâd Rebrab, où le chiffre d’affaires du mois de décembre
2016 a dépassé les 70 milliards de centimes.
Ceux qui ne sont pas affectés par la politique d’austérité, les taxes
et les hausses des prix, ce sont bien les marchands de thé aux senteurs
du Sud activant dans la capitale. Arrivés, dans la plupart des cas, du
grand sud du pays, ces spécialistes du thé et de ses dérivés ont
enregistré des gains importants.
Un petit tour dans ces incroyables petites boutiques. Qu’ils soient
étudiants, jeunes ou moins jeunes, ces marchands de thé ont pu, au fil
des années, instaurer une habitude qui n’est guère familière à ceux qui
habitent la ville.
Théière fixée au comptoir, au-dessous une assiette au charbon, une
vitrine remplie de fruits secs (Moukassarate) et des gobelets, ces
jeunes –avec des habits typiquement Sahariens– attirent de nombreux
clients dans les artères de la capitale. Au boulevard Mohamed V,
Meissonnier, El Biar, Chéraga, Ouled Fayet, Douéra, Birkhadem, Kouba,
Bir Mourad Raïs et bien d’autres communes, les marchands de thé ont
« accaparés » de petits locaux pour en faire des commerces rentables.
Les marchands ne se sont pas contentés de vendre leur thé dans les
locaux, ils ont inventé une autre solution, celle de la vente ambulante.
A Alger ils ne passent guère inaperçus. On les repère à leur. « Ataî,
Ataî… « , qu’ils répètent-ils, à longueur de la journée. Les passants,
quant à eux, ont pu s’adapter à cette habitude de déguster avec tous ses
secrets. D’ailleurs à chaque rencontre entre amis, dans les soirées ou
encore après chaque repas, le thé est devenu une consommation
indispensable.
Une nouvelle tendance qui s’installe
Mais une chose est sûre, l’activité de ces marchands de thé ambulants
s’est incontestablement taillée une place parmi tant d’autres métiers
de fortune. Elle est devenue phénoménale. Au point, l’a-t-on constaté,
que même les Algérois ou autres se penchent sur ce commerce juteux. « La
vente du thé est une activité lucrative très prisée. On y gagne plus
d’argent », nous dit Hakim, vendeur de thé, sans plus de détails.
Ce jeune de Kouba, la vingtaine, à peine a-t-il commencé à exercer
qu’il cherche déjà à engager deux personnes, car, selon lui, il ne peut
travailler seul tellement sa clientèle s’est progressivement élargi.
Mais cette activité est sans aucun doute propre aux gens du Sud. Ils
sont partout. Présents, dynamiques, on leur reconnaît la bonne maîtrise
de la préparation de thé.
On les croise dans les stations de bus, dans les marchés, les places
publiques, à proximité des universités et des résidences universitaires.
Ils font ainsi le bonheur des amateurs de cette boisson « typique » et
traditionnelle, qui rappelle l’hospitalité et la sympathie de « Nass
Sahra ».
Spécificité
Il faut dire aussi que la présence des marchands de thé au nord du
pays est très remarquable ces dernières années. Ils finissent, en tous
cas pour la plupart d’entre eux, par s’y installer.
De fil en aiguille, ils montent leur propre « baraque » pour vendre
du thé. Nous nous sommes rapprochés de quelques-uns d’entre eux pour
tenter de connaître le secret de leur attachement à cette tradition.
À chacun ses raisons. Moulay, natif de Reggane, et vendeur de thé
depuis 10 ans. Son histoire avec cette boisson ancestrale est unique.
Aujourd’hui, il s’est installé à proximité de la cité universitaire
Taleb-Abderrahmane de Ben-Aknoun.
On le surnomme « Monsieur Arshad Khan », le vendeur de thé
pakistanais, en référence à la célébrité mondiale de ce personnage. Il
nous raconte. « Cela fait presque 10 ans que je suis ici à Ben-Aknoun, à
Alger ». « C’était en 2006, soit ma première année où j’avais mis les
pieds à Alger, je ne connaissais qu’une personne, Hakim, un vendeur de
thé très averti.
C’est lui qui m’a initié à ce métier », nous dit-il. Moulay n’a que
35 ans, marié à deux femmes. Père de deux filles. Entre Reggane et
Alger, 1750 km le séparent de la maison, le laissant travailler, malgré
lui, d’arrache-pied pour subvenir aux besoins de sa famille. Il ne se
soucie guère de la distance.
« Le plus important pour moi, c’est que j’assure tant bien que mal
les besoins de ma petite famille…L’hamdoullah, rahi m’rigla « , nous
dit-il d’un air tranquille. Selon lui, il rend visite à sa famille tous
les deux mois. Venant de Timimoun, Hakim, lui aussi, a presque 20 ans à
Alger. Il est parmi les premiers habitants du Sud à s’installer dans la
Capitale. Actuellement, il vend du thé à chéraga, dans la banlieue ouest
d’Alger.
Ces cas ne sont évidemment pas isolés. Partout, dans les grandes
villes du pays, on trouve des centaines d’entre eux. Si Moulay et Hakim
sont bien installés, d’autres non.
C’est le cas d’Abderrahmane, 25 ans, diplômé en génie civil.
Fraîchement sorti de l’université de Bab-Ezzouar, il renonce à l’idée de
retourner à Bechar, sa ville natale. Bien qu’il ait beau cherché du
travail qui correspond à son domaine d’études, il décide de vendre du
thé aux alentours de la cité universitaire de Bab-Ezzouar.
« Je ne veux pas retourner à la maison, là-bas c’est mort. Je gagne
mieux ma vie, ici », avoue-t-il. En complicité avec les agents de ladite
cité universitaire, Abderrahmane partage une chambre avec un ancien
collègue.
Un commerce juteux
La plupart des vendeurs interrogés avouent que la vente du thé est un
commerce lucratif. Quant aux périodes les plus rentables, ce sont la
période du Ramadhan et les saisons estivales. Pour Moulay, la période la
plus rentable est celle des examens des étudiants. « En cette période,
ça m’arrive de vendre jusqu’à 700 gobelets de thé », nous révèle-t-il. Et d’enchaîner : « En plus de la recette des fruits secs, le thé, à lui seul, me rapporte quotidiennement 2000 DA ».
Mais pour Fadel, vendeur de thé ambulant, habitant à Bab El-Oued depuis 3 ans, son bonheur est la période estivale. Puisqu’il n’a pas une place fixe pour vendre sa marchandise, ce jeune d’Oued Souf est présent partout, notamment dans les plages algéroises. Pour écouler sa marchandise, il parcourt des kilomètres. « La vente de thé est ma passion « , souligne-t-il. »En été, tout comme en hiver, je gagne ma vie à l’aide de ce petit commerce. Mais, quand il pleut, c’est le chômage total ».
Marchand de thé dans la capitale : un commerce florissant
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