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Ils
le connaissaient par coeur, cet hymne algérien. Mais ils n'avaient
jamais imaginé le chanter dans de telles conditions. Rugbymen aux quatre
coins de France, la plupart amateurs, ils ont été choisis pour composer
la première sélection algérienne de l'histoire. Après un peu plus d'un
an d'existence et moins de dix matchs au compteur, les Lionceaux — leur
surnom — vont enfin entrer dans le vif du sujet : ils se réunissent ce
week-end à Pamiers (Ariège), au pied des Pyrénées, pour préparer la
Coupe d'Afrique des nations, qu'ils disputeront en mai au Cameroun.
«C'est un honneur, confie Bilal Abed, 2e ligne
de Blagnac (Haute-Garonne), en Fédérale 1. On est les premiers à jouer
au rugby en Algérie. Pour l'instant, on ne s'en rend pas bien compte.
Mais plus tard...»
Boudjellal veut les faire jouer contre Toulon
Le
ballon ovale avait disparu du pays après l'indépendance (1962). Une
bande de doux rêveurs, pour certains anciens joueurs anonymes du
Championnat de France, s'est battue depuis dix ans pour le faire
renaître au coeur d'une nation qui ne vibre (presque) que pour le foot.
Un long combat. Mais le pari est en passe d'être réussi. Reconnue par
l'Etat algérien et la Confédération africaine de rugby, la sélection
grandit de semaine en semaine. Elle s'est adjoint les services de deux
anciens internationaux français, François Gelez et Jean-Jacques Crenca,
qui interviendront à titre bénévole.
«Quand j'ai été appelé pour la première fois, j'étais sur le cul, témoigne Sébastien Abdelkader, 3e ligne
de Millau (Aveyron), en Fédérale 2. J'ai dit oui tout de suite. J'avais
des frissons. Mes parents étaient fous de joie. Pour eux, je suis une
petite star. J'ai même eu droit à un message vidéo, où tous mes proches
me disaient être fiers de moi.»
Au pays, les matchs sont
retransmis sur Canal Algérie. En attendant la création d'un championnat
de clubs, normalement à partir du mois de septembre, c'est avec cette
sélection que les Algériens découvrent ce ballon aux rebonds capricieux.
«Lorsqu'on a joué à Oran, je n'avais jamais vu une ambiance comme ça,
se souvient Bilal Abed. Des tambours, des chants, on aurait dit un match
de foot, alors qu'il n'y avait que 2 000 personnes dans les tribunes.»
Cette
formation aux moyens limités, où seuls les frais de déplacement sont
pris en charge, attire la sympathie. Notamment de Mourad Boudjellal, le
président de Toulon, qui est entré en contact avec les dirigeants et
leur a offert des équipements : «J'aimerais organiser un match à Toulon
entre le RCT et la sélection, confie-t-il. Pour leur offrir de la
visibilité. Et parce que toutes les initiatives pour développer le rugby
dans le monde sont les bienvenues.» Les Algériens, eux, ont une idée
derrière la tête : être la première nation du Maghreb à se qualifier
pour une Coupe du monde.
